1/ le lion de Némée
Une vaste forêt de l'Argolide, dite de Némée, servait de retraite à un énorme lion qui dévorait les troupeaux d'alentour. Eurysthée ordonna à Hercule, alors âgé de seize ans, de débarrasser la contrée de ce monstre indésirable. Hercule, avec son arc et son carquois, se mit à la recherche de l'animal. Bientôt, il lui décocha plusieurs flèches sans pouvoir même le blesser, tant sa peau était dure et impénétrable. Les flèches s'émoussaient et retombaient brisées. Hercule s'arma alors d'une massue et asséna un coup terrible sur la tête du monstre. La massue se brisa en deux. Il n'y eut plus qu'à lutter corps à corps avec la bête féroce qui bondissait et poussait des rugissements furieux. La lutte s'engagea ; au bout de quelques instants, le lion de Némée gisait inanimé. De ses ongles, Hercule le dépeça et se revêtit de sa toison fauve qui, dès lors, lui servit de vêtement et de bouclier.
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2/ l'Hydre de Lerne
Eurysthée ordonna ensuite à Héraclès de tuer un serpent monstrueux qui vivait au fond des marais de Lerne, dans le territoire d'Argos. L'hydre, dotée de plusieurs têtes, présentait une particularité : les têtes coupées reparaissaient plus nombreuses à moins qu'on n'appliquât le feu à la plaie. Hercule en fit l'expérience. Voyant que l'épreuve était toujours à recommencer, il demanda l'aide de son ami Iolaos. Celui-ci brûlait les têtes de l'hydre au fur et à mesure que le héros les abattait. Mais Héra, voyant Hercule prêt à triompher du monstre, envoya au secours de l'hydre une écrevisse géante, qui le piqua au pied. Hercule l'ayant aussitôt écrasée, la déesse la plaça parmi les astres, où elle forma le signe du Cancer. L'hydre fut tuée sans problèmes. Cependant, la tête du milieu était immortelle. Après l'avoir coupée, Hercule l'enterra, puis il plaça par-dessus un énorme rocher. Le sang qui coulait des blessures du monstre contenait un subtil venin qui donnait infailliblement la mort. Hercule y trempa ses flèches.
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3/ le sanglier d'Erymanthe
En Arcadie, sur la montagne d'Erymanthe, un sanglier colossal semait la terreur parmi les troupeaux et les bergers. Cet animal n'était pas facile à trouver : il se faufilait dans les fourrés, dans les broussailles. Alors qu'il cherchait le sanglier, Héraclès rencontra le centaure Pholos qui l'invita à partager son repas. Mais une troupe de centaures, alléchés par l'odeur du vin, attaqua la caverne de son hôte et Héraclès dû les repousser. C'est en examinant une des flèches du héros que le Centaure Pholos se blessa au pied et mourut du terrible venin de l'Hydre de Lerne qui avait empoisonné les flèches d'Héraclès.
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4/ la biche aux pieds d'airain
Le voyant si bon coureur, Eurysthée demanda à Hercule de lui apporter vivante la biche de Cérynie qui déambulait sur les pentes et dans les vallées du mont Ménale, en Arcadie. Cette biche n'était pas comme les autres : elle avait des cornes d'or et des pieds d'airain. Grande et forte comme un taureau, elle était renommée pour la vitesse de sa course, personne n'avait jamais pu l'atteindre. Héraclès, la sachant consacrée à Artémis (Diane), ne voulut pas la percer de ses flèches ; il entreprit donc sa poursuite. Il y mit du temps, une année entière, mais finit par la prendre au moment où elle traversait le fleuve Ladon : visant habilement ses pattes avant entre l'os et le tendon, il immobilisa la biche d'une flèche sans la blesser. D'abord courroucée qu'il ait touché à une bête qui lui était consacrée, Artémis reconnut que seul Eurysthée était à blâmer et permit à Héraclès de l'emporter. Il chargea donc la bête sur son dos et retourna à Mycènes où il la déposa vivante aux pieds d'Eurysthée.
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5/ oiseaux du lac Stymphale
En Arcadie, sur le lac Stymphale, vivaient de monstrueux oiseaux. Ils étaient en si grand nombre, et d'une taille si extraordinaire que, lorsqu'ils volaient, leurs ailes faisaient écran à la clarté du soleil. Ces affreux volatiles, armés d'un bec, d'ailes, d'une tête en fer et de griffes à pointes d'airain, détruisaient tous les fruits et toutes les récoltes. Le dieu Arès les avait lui-même dressés au combat. Hercule réussit à les faire sortir de leur forêt en agitant des castagnettes de bronze, fabriquées par Héphaïstos, et que lui avait données Athéna. Epouvantés par ce vacarme, que certains disent provoqué par de fortes cymbales plutôt que par de frêles castagnettes, les oiseaux s'envolèrent et s'égaillèrent, tombant ainsi à la merci des flèches d'Hercule, qui les extermina jusqu'au dernier …
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6/ le taureau de Crète
Le roi de Crète, Minos, désireux de se concilier les bonnes grâces de Neptune, avait formulé un voeu. Il lui offrirait en sacrifice ce que le dieu des Mers ferait surgir des ondes. Un taureau magnifique en sortit, mais si beau qu'on n'avait jamais vu son pareil. Minos le garda pour lui et lui substitua un ruminant rachitique et minable. Neptune jugea l'action de mauvais goût et n'admit pas l'imposture. Il communiqua au splendide taureau des élans furieux qui répandirent la terreur dans la Crète entière. Eurysthée commanda alors à Hercule de dompter l'animal. Le fils d'Alcmène passa la mer, aborda en Crète, où il attaqua le taureau par les cornes. Il le contraignit à s'agenouiller, l'entrava, le prit sur ses épaules et le remit entre les mains de son maître.
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7/ cavales de Diomède
Un roi de Thrace, Diomède, fils de Mars et de Cyrène, possédait des cavales indomptables aux narines projetant des flammes. Pour les nourrir, il leur offrait en pâture les étrangers échoués sur le rivage. Eurysthée chargea le héros de s'emparer de ces bêtes sauvages et de les lui amener à Mycènes. Aussitôt les écuries découvertes, Hercule tua palefreniers et valets, s'empara de Diomède, déposa son corps dans les mangeoires d'airain où ses cavales le dévorèrent avec avidité. Les féroces bêtes, solidement attachées, furent embarquées sur le navire qui, poussé par un vent favorable, les amena dans le royaume d'Argos, conformément à l'ordre reçu.
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8/ la ceinture d'Hippolyte
Admète, la fille d'Eurysthée, avait entendu dire que la reine des Amazones portait une ceinture unique par son élégance et sa richesse. Elle demanda à son père de la lui obtenir. Naturellement Eurysthée confia encore une fois ce travail à Hercule. Les Amazones, femmes guerrières de la Capadoce, sur les confins du Pont-Euxin, formaient une peuplade sauvage et redoutable, vivant de rapines et du produit de leur chasse. La reine Hippolyte les commandait. On la reconnaissait aisément à son corset formé de petites écailles de fer, attachées avec une ceinture, la ceinture convoitée. Hercule et ses compagnons débarquèrent sur le rivage du Pont-Euxin et se rendirent au palais d'Hippolyte avec de nombreux présents. En échange Hercule sollicita le don de la ceinture. La reine des Amazones lui fit bon accueil, lui sut gré de sa venue. Elle était sur le point de lui remettre la ceinture, quand elle en fut violemment dissuadée par ses farouches cavalières, qui crièrent à la trahison. Les arcs se tendirent, les flèches sortirent des carquois, les haches frèmirent, c'était la guerre. Hercule et sa troupe, d'abord en état de défense, passèrent à l'attaque, poursuivirent les Amazones, en tuèrent un grand nombre et capturèrent leur reine. La ceinture d'Hippolyte lui fut ravie. Hercule, triomphant, la rapporta à Eurysthée et à sa fille.
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9/ les écuries d'Augias
Roi d'Elis, dans le Péloponnèse, Augias possédait une quantité considérable de boeufs, pas moins de trois mille. Ses étables, où s'accumulait le fumier, n'avaient pas été nettoyées depuis une trentaine d'années. Augias proposa à Hercule le dixième de son troupeau, soit trois cents boeufs, s'il nettoyait les étables dans la journée. Hercule pratiqua deux ou trois brèches dans les murs, détourna de leur cours deux fleuves, l'Alphée et le Pénée, et dirigea les eaux à travers les écuries. Aussitôt le "ménage" terminé, Hercule se présenta pour recevoir le prix de son travail. Augias, hésitant, n'osant le refuser ouvertement, le renvoya au jugement de son fils Philée. Celui-ci décida en faveur d'Hercule. Augias chassa son fils de sa présence et l'obligea à se réfugier dans l'île de Dulichie. Indigné de ce procédé, Hercule pilla la ville d'Elis, tua Augias, rappela Philée et lui donna les états de son père.
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10/ boeufs de Géryon
Géryon, fils de Chrysaor et de Callirhoé, avait trois corps et passait pour le plus fort des hommes. Retiré aux confins du monde alors connu, du côté de l'Occident, il régnait sur l'Erythrie, contrée d'Espagne, voisine de l'Océan. Sa seule société consistait en un troupeau de boeufs rouges, féroces, gardés par un molosse à deux têtes et un dragon à sept gueules. Il s'agissait, pour Hercule, de s'emparer des boeufs et de les joindre aux trophées qu'il avait déjà ramenés à Mycènes. Lorsqu'il arriva en Erythrie, les aboiements du chien à deux têtes lui signalèrent l'emplacement des boeufs cherchés. Deux coups de massue, un par tête, mirent le chien hors de cause. Plus craintif ou plus prudent, le dragon observa les distances. Sept flèches fendirent l'espace et l'abattirent. L'énorme Géryon accourut, alourdi par sa triple corpulence, et s'affaissa sous le poids de l'invincible Hercule. Restèrent les boeufs. Le vainqueur leur réserva, à travers de nombreux pays, un long et beau voyage qui se termina à Mycènes.
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11/ les Pommes d'or
Des arbres aux rares essences, des fleurs exhalant les plus suaves parfums, des fruits colorés savoureux, les plus belles fontaines se trouvaient dans un parc immense qui s'étendait à perte de vue. Il existait parmi ces merveilles des pommes appelées pommes d'or à cause de leur éclat impressionnant. Eurysthée demanda donc à Hercule d'en cueillir et de les lui rapporter. Le fils d'Alcmène n'osa pas refuser mais il ignorait de quel côté diriger ses pas. Après de longues et pénibles courses, il s'arrêta un moment auprès d'une source afin de reprendre son souffle et de se rafraîchir. Là, une nymphe lui apprit que le vieux dieu marin Nérée lui serait d'un précieux concours dans sa quête. Il découvrit facilement le dieu somnolant sur le rivage, à l'ombre d'un rocher abrupt. Celui-ci indiqua à Hercule où trouver les pommes d'or : en Mauritanie, dans le royaume d'Atlas.
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12/ Cerbère
Une seule chance restait à Eurysthée de faire périr Héraclès : le mettre aux prises avec Cerbère, l'horrible chien qui, si l'on en croit Les Métamorphoses d'Ovide, gardait la porte des Enfers : grâce à ses trois gueules, il finirait bien par le dévorer ! Le fils d'Alcmène reçut donc l'ordre formel de capturer le chien Cerbère. Pour accéder au domaine des morts, l'autorisation d'Hadès (Pluton) était nécessaire. Hermès (Mercure), le messager des dieux, la fit obtenir à condition qu'Héraclès se présente sans armes d'aucune sorte. Héraclès se couvrit donc simplement de la peau du lion de Némée, et, sans massue, sans javelot, aborda le monstre aux trois têtes. Les trois gueules béantes découvrant des crocs énormes et pointus, les aboiements furieux se répercutant sous les voûtes sombres, rien ne troubla le sang-froid, rien ne limita l'ardeur du héros : il s'avança d'un pas ferme, attaqua l'animal, subit de cruelles morsures mais, saisissant l'unique cou de la bête, il le serra jusqu'à l'étouffement. Il tint à sa merci Cerbère qui, tirant ses trois langues à la fois et ne pouvant plus respirer, se vit ligoté puis conduit au roi de Mycènes. L'aspect de cet atroce animal terrifia Eurysthée qui refusa de le recevoir et le renvoya, sous bonne escorte, remplir ses lugubres fonctions de gardien des Enfers.